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  • jour de la sirène #4 – le rose

    Le rose en quelques mots

    L’utilisation du mot rose dans le langage date du 19°, au moment où les vêtements colorés apparaissent, grâce à la chimie qui permet à l’industrie textile de fixer les couleurs. Les pigments synthétiques sont là, et le rose n’est plus alors un simple rouge délavé, mais s’impose en tant que couleur autonome, allant du rose « cuisse de nymphe émue » (couleur chair) au « Rose shocking », une nuance de fuchsia lancée par Elsa Schiaparelli en 1937.

    Un peu plus tôt en occident, au 18°, le rose se fait tendance lorsque les aristocrates européens (hommes et femmes) commencent à porter des teintes pastels ou poudrées, cette couleur incarnant tout le luxe et l’opulence de leur classe sociale. Madame de Pompadour aime tellement cette couleur que la manufacture de porcelaine de Sèvres nomme une nouvelle teinte « Le rose Pompadour » symbole de nouveauté, d’élégance et de splendeur aristocratique.

    Au cours du 20°, le rose appartient à tous les registres : celui de l’érotisme (les messageries roses), des excès liés au paradis artificiels (voir des éléphants roses) ; registre de l’enfance (rose bonbon, bibliothèque rose), de la culture rock (les Pink Floyd, Elvis Presley et sa Cadillac et ses vestes roses), de la culture punk (les Sex Pistols), mais aussi au registre de la stigmatisation des minorités, notamment des homosexuels. Bref, un véritable catalogue de représentations fait du rose une couleur ambivalente et controversée, et pourtant essentielle à l’art, puisque le magenta est une des trois couleurs primaires.

    Pink tax : rose pour les filles, bleu pour les garçons

    Jusqu’au début du 20°, le rose n’était alors pas du tout considéré comme une couleur genrée et les enfants étaient tous habillés de blanc. Pas de rose fille et de bleu garçon. Le rose était même considéré comme « plus » approprié pour les petits garçons car il était vu comme une nuance de rouge, couleur de pouvoir et à forte connotation militaire.

    Cette codification genrée des couleurs arrive tardivement : le marketing du rose pour les filles explose au milieu des années 80 sous l’influence des marchands de jouets qui visent une augmentation des ventes ; en effet, si les couleurs sont genrées, on vend deux fois plus de jouets.

    Dans les années 90, ce phénomène donne son nom à la « pink tax », appelée aussi « woman tax », qui désigne les coûts prohibitifs de certains produits, au seul motif qu’ils sont roses et/ou destinés aux femmes.

    Le rose dans l’art

    Si l’on connaît bien les monochromes « bleu IKB » d’Yves Klein, on a moins l’habitude de voir ses monochromes roses. De même ce n’est pas les tableaux roses de Lucio Fontana qui nous restent en mémoire.

    Le rose a réussi la fusion entre l’art pour initiés et la culture grand public, avec les Marilyns d’Andy Warhol ou encore les installations à pois de Yayoi Kusama.

    Il s’est même invité chez l’artiste minimaliste américain Dan Flavin, célèbre pour avoir créé des installations spectaculaires de tubes fluorescents du commerce.

    Du côté du land art, 600.000 m2 de matière plastique rose habillent les îles de la baie de Biscayne à Miami : « Surrounded Islands » (littéralement : les Îles entourées) est une œuvre de Christo et Jeanne-Claude, réalisée en 1983.

    monochrome rose Klein 1961
    L. Fontana "concetto spaziale" 1964
    Andy Wharol "Marylin" 1962
    expo Yayoi Kusama, La-Villette, 2008
    Dan Flavin – Rose sur un coin (à Jasper Johns) , (1963)
    Christo et Jeanne-Claude "les îles entourées" 1983

    Place du rose dans mon travail

    Il y a quelques mois encore, le rose était totalement absent de mon travail, voire banni. Le travail sur les chevalières m’a fait découvrir cette couleur, la richesse que l’on peut obtenir en la traitant en mat ou brillant, les subtilités que la porcelaine permet lorsqu’on travaille le rose dans la masse ou grâce aux émaux.

    J’ai donc un peu poursuivi ces recherches, qui en sont encore au début, et voilà un échantillon ci-dessous.

    Retrouvez toutes les pièces fabriquées à cette occasion sous l’étiquette « rose » dans la boutique en ligne www.violaine-ulmer.com/boutique/etiquette/rose/